jeudi 9 juillet 2009





VACANCES !


"- Pourriez-vous m'aider à maîtriser mes pensées et mon corps ?
- Assieds-toi sur le sol en face de moi, bascule le bassin vers l'avant, redresse la colonne vertébrale, concentre-toi sur la verticalité de ta posture.
- Voilà.
- Ne creuse pas le ventre, ne te contracte pas, inspire et expire en douceur.
- Voilà.
- Laisse passer les pensées avec la respiration, laisse-les apparaître et disparaître.
- Elles se bousculent au portillon, mes pensées, elles coulent en torrent.
- Maîtrise le flot.

[...] - Maintenant, tente de ne penser à rien.

- A rien ?
- Comme si j'étais mort ?
- Non, comme si tu étais une fleur ou un oiseau de printemps. Ne pense plus avec ta conscience personnelle, pense avec une autre conscience, celle du monde, pense tel l'arbre qui bourgeonne, telle la pluie qui tombe."


Eric- Emmanuel Schmitt, Le sumo qui ne pouvait pas grossir



Etre en vacances de soi ! Devenir autre. Tomber le masque, changer de costume, prendre de nouveaux repères, poser les yeux sur ce qu'on ne regardait pas, sentir le vent qui nous révèle une peau oubliée, frissonner. Laisser les éléments nous ballotter, ne plus résister, laisser aller... au moins quelques instants. Se contenter d'être ce que l'on est. L'herbe fait-elle des efforts pour pousser ?

Comme il est difficile de ne rien faire ou plutôt d'être en paix avec l'immobilité. Est-ce une question de confiance en soi, en sa destinée ou est-ce de la culpabilité face à un monde si affairé ? La tempête puis le calme, le flux et le reflux, la respiration et l'expiration, le travail et le repos... Cela semble pourtant si naturel. Serait-ce la peur de ne plus exister, comme si il fallait toujours justifier la place que nous occupons dans nos vies par quelque mouvement ? Combien de temps passons-nous par jour à seulement prouver notre importance ?

Nous parlions donc de vacances, de temps pour se reposer d'avoir trop pensé, trop fait, trop organisé. Du temps pour soi et ceux que nous aimons. Ensemble. Enfin un instant loin des livres et des cahiers, des réunions et des présentations, un monde sans performance, tout en indolence. Peu importe l'endroit tant qu'il nous aide à faire le vide en soi. Moi j'aime les horizons, quand mon regard ne peut plus rien accrocher et qu'il se dissout dans le bleu du ciel. Alors il n'y a plus de pensées, juste des sensations, le sentiment d'un vide apaisant, pas un abîme mais plutôt une pleine respiration.

Profitons de cette pause méritée pour reprendre contact avec la simplicité, septembre ne va pas s'envoler.



Nathalie Vogelsinger-Martinez