lundi 2 novembre 2009





L'art de remplir son filet

Quelle incroyable activité que le "réseautage" ! Incontournable en ces temps de marchés où ne souhaitant être pris(e) ni pour une pomme ni pour une poire, il nous faut trouver une étiquette qui puisse flatter l'oeil, attirer sans nonchalance le chaland, lui donner envie d'y goûter davantage... En d'autres mots, nous mettre dans son panier c'est à dire nous prendre dans son réseau. Ne vous méprenez pas (quoique parfois on se demande tout de même !), il n'est question que d'affaires "honnêtes" dans cette histoire, des sérieuses, des cadrées, du business, de l'emploi. Nul besoin en principe de vendre son âme ou d'y risquer son corps.

"Réseauter" c'est bâtir un réseau de contacts pertinents au déploiement exponentiel principalement sur la toile mais également partout où il est possible de rencontrer des personnes susceptibles de faire le lien entre vous et de nouvelles relations professionnelles (des voisins de table, en passant par la famille, le club de sport, les communautés d'intérêt, tout ce qui est plus petit que la planète entière). Dans le fond, l'idée est formidable et bien simple. Dans la pratique, l'exercice demande de belles qualités de communication : une bonne dose de confiance en soi, une compétence quasi politique à répéter le même message, un minimum de maîtrise de l'informatique et un goût sucré/salé pour l'aventure humaine.


On ne va ni les mains vides ni la tête creuse à une réunion réseau, qu'elle soit virtuelle ou réelle. Tout "réseauteur" compétent et motivé pour atteindre son objectif (présenter son activité, ses projets, ses produits, son CV, gérer sa carrière, prospecter, capter les tendances...) est capable en toute circonstance de parler de lui-même et de sa dynamique.


Cette démarche s'inscrit dans ce qu'on appelle le "personal branding" (très chic) c'est à dire "le marketing de soi" (très choc) soit la création, la maîtrise et la promotion de son image personnelle. A mi-chemin entre l'exercice biographique et la fiche produit (Aie !) c'est une approche pragmatique de la réatité contemporaine du marché et de l'emploi. Il n'est pas question de laisser de côté nos émotions mais plutôt de les mettre en forme par nos choix (les mots, les comportements, les expériences, les sites communautaires choisis...).


Ce qu'il faut retenir : il ne s'agit pas de se vendre mais de faire connaître ce que nous proposons, dans quelles conditions et dans quelles limites. Savoir parler de soi pour avoir une chance d'être entendu par celui ou celle qui nous cherche (Oui ! Il y a toujours quelqu'un qui cherche ce que nous proposons) au milieu de millions de voix qui s'élèvent et qui rendent les communications inaudibles. Sortir du lot.


L'équipement du super réseauteur

- une idée et une formulation claire de ce qu'il propose;
-une présentation actualisée et argumentée sur un des réseaux sociaux (Viadéo plutôt pour la France, LinkedIn plutôt pour l'international...) ;
- une photo (même si ce n'est pas obligatoire, nous restons des êtres humains sensibles aux visages) ;
- un blog (cela donne du "corps", du mouvement, une touche plus personnelle sans verser dans l'intime)
- un site (pour véhiculer des informations institutionnelles)
- une "présentation flash" c'est à dire un "discours sur soi/ses produits" (type 3 minutes pour convaincre) ;
- une carte de visite (pour l'adresse mail et le téléphone) ;
- de l'ouverture et du dynamisme (cela s'entend même à l'écrit);
- la foi et le respect en et pour ce que l'on est et ce que l'on fait.



Nathalie Vogelsinger-Martinez


NB : pour une lecture critique sur l'approche réseau, lire "Le devenir du rhizome" dans "Foucault, Derrida, Deleuze - Pensées rebelles", Sciences Humaines mai-juin 2005

Photo : jardin botanique de Lisbonne - novembre 2009