mardi 13 avril 2010

Peut-on apprendre à être heureux ?

Peut-on apprendre à être heureux ?

"Le bonheur c'est d'être heureux, ce n'est pas de le faire croire aux autres"
Jules Renard

"Etre heureux, c'est toujours être heureux malgré tout"
Clément Rosset 

Parfois je me demande à quoi sert le bonheur si ce n'est à se sentir malheureux de ne pouvoir être heureux. Existerait-il une tyrannie du bonheur qui disqualifierait les petites joies, les rires suspendus et les plaisirs éphémères ? Le bonheur n'est sans doute qu'une idée de soi et du monde qui n'a de place que dans l'imaginaire. Dans la réalité de nos corps et de nos relations, nous devons composer avec les contraintes du quotidien : temps, moyen, humeur. Etre heureux c'est sans doute être le moins malheureux possible.

Et si le bonheur n'était qu'une compétence qui s'acquiert sans trop de difficultés mais avec un peu de lucidité et de méthode ? Et si finalement le bonheur c'était simple ? Cela pourrait faire sourire et pourtant c'est sans doute vrai c'est à dire ça marche.

J'ai synthétisé pour vous un des modèles exposés par Tal Ben Shahar (professeur de psychologie positive à Harvard) dans son livre "Happier". Cette réduction a le mérite d'éclairer les quatre comportements archétypaux de la plupart d'entre nous et  de pointer leurs limites.
 
La course effrénée de l'esclave du futur
Les gains sont toujours attendus dans le futur. Le moment présent ne peut jamais être apprécié. Le soulagement tient lieu de bonheur.

Le nihilisme de l'esclave du passé
Il n'y a jamais de gains. Le passé ressemble au présent et au futur. Il n'y a rien à attendre. Il faut se résigner. Le bonheur n'existe pas.

L'hédonisme de l'esclave du présent
La satisfaction des besoins tient lieu de bonheur qui n'est envisagé que dans le présent. Le manque d'objectifs et de défis vide la vie de son sens.

Le BONHEUR
On gagne à tous les temps parce qu'on a identifié le but qui a du sens pour soi. Le but de notre vie c'est le but des buts, un but "unificateur", celui qui nous éclaire dans nos choix et nous fait préférer les activités qui nous amènent des bénéfices présents ET futurs. Le bonheur est un compromis entre idéalisme ET réalisme.

En résumé, pour être heureux, il faut avoir identifié LE but fort, réaliste et qui dépend de nous. C'est cet objectif qui donne du sens à la direction que prend notre vie. Puisque nous savons où aller, nous ne perdons plus de temps à hésiter sur nos décisions : elles sont ou ne sont pas cohérentes avec notre but. 

Etre pragmatique n'implique pas le vide spirituel. Il est toujours possible de lire Platon, Aristote, Ciceron, Saint Thomas d'Aquin, Manavadharmasastra ou encore Spinoza. Le bonheur de vivre se conjugue avec le bonheur de penser.


Nathalie Vogelsinger-Martinez